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vendredi 29 octobre 2010

ETUDE DE CAS n°1 HERSTMONCEUX du 221010 à 0Z

Allez, on entame une série d'études de cas, des cas peu ordinaires. Mais on va dire, que tous les cas sont uniques dans le domaine des vols de radiosondes, ce n'est pas tout à fait faux.
Il arrive de faire tout un tas de prévisions, et de suivre une évolution des vents pendant de nombreux jours, espérant au bout, récupérer une radiosonde.
Hélas, il y a notre savoir faire, et aussi des impondérables que l'on ne peut pas prévoir par principe.
Il faut quand même partir du principe que les fichiers sur les vents contituent une bonne base d'information solide pour la détermination d'une prévision de point de chute. Nous avons déjà parlé, du fait qu'il y a un glissement général des vents en permanence, d'autant plus que l'atmosphère est agitée avec souvent l'influence d'un jet stream par dessus dans les 300 hPa.
Le jet stream est problématique pour les prévisions car il est assez changeant et son altitude peut changer.
Il arrive parfois que les prévisionistes de la météo, qui avaient prévu un vent fort au sol, se trouve confronté à une véritable tempête du siécle !

Dans le cas de nos vols de radiosondes, d'un horaire à l'autre, il y a un glissement des vents et les trajectoires établies pour des horaires différents sont espacées mais relativement proches.
Il y a une dispersion entre des prévisions à H-12, H-6 ou H0. Parfois les prévisions pour H-12, s'avérent meilleures car les vents sont repartis dans l'autre sens.
Les prévisions à H0, ont comme intérêt de pouvoir vérifier les prévisions à H-6.

On peut remarquer aussi, que la dispersion se fait quand le vent est fort, car l'angle de descente est plus faible. Une petite différence d'angle se traduit par des kilomètres sur le terrain dans ce cas.

Mais il faut bien remarquer que pour un même horaire, les différents points de chutes possibles sont alignés sur l'axe des vents que vous pouvez tracer sur une carte. Voir ci dessous.
On a pris l' habitude de tracer des points en prévisions suivants différentes vitesses de descente possibles.

Pour le cas des radiosondes de Herstmonceux, le choix est le suivant:
840 descente très courte
600 descente courte
235 descente normale ( en moyenne )
210 descente un peu plus longue
180, 168, 143, 125   pour des descentes de plus en plus longues. Vous prenez ce que vous voulez, mais il y a des valeurs plus fréquentes que d'autres.

Il faudrait relever pour chaque type de radiosonde les pourcentages dans chaque cas.

Une descente avec une vitesse de 125 m/mn est possible. Cela fait un vol particulièrement long.

Les différences de vitesse constatées sont en partie dues à l'efficacité du parachute, déployé correctement ou non. Les suspentes sont parfois nouées entre elles, la surface du parachute est plus faible, la descente est plus rapide dans ce cas. La masse de Latex restante de l'enveloppe, joue sur le poids total donc sur la vitesse de descente. Les débris de Latex peuvent faire des noeuds avec les suspentes.

La vitesse de chute peut atteindre 20, 15 ou 10 m/s mais plus souvent, c'est 3,5 ou 2,5 environ.
A vous de voir, suivant le type de sonde, la masse totale et le type de parachute. Les centres météo n'ont pas tous les mêmes composants et la même façon de gonfler le ballon.

Prévisions faites pour ce vol du 221010 0Z de Herstmonceux:

 Vitesse de descente de 600 m/mn  pour un vol court.


Vitesse de descente normale de 235 m/mn


Vitesse de descente de 143 m/mn pour un vol long


Vitesse de descente de 125 m/mn pour un vol très long

Lignes de points de chute pour deux horaires H-6 et H0: 


Et vient le moment du vol. Plusieurs options sont possibles, partir avant le décollage, attendre le décollage effectif, partir après la chute, ou attendre le lendemain ! 
Il y a des avantages et des inconvénients. Le principal inconvénient est que la radiosonde convoitée peut avoir été ramassée par un promeneur ou un agriculteur... Faire de la route pour rien, c'est un peu démoralisant. 
Nous aurons l'occasion, d'en reparler avec les études de cas par la suite. 

Pour notre radiosonde, du 22 octobre, l'option était de prendre un départ 3 heures après la chute. Il fait encore nuit, et la radiosonde au sol émet encore très bien, mais il ne faut pas trainer en route ! Il était environ 5h30 locales. La radiosonde n'émet plus vers 7h30 dans un rayon de plusieurs kilomètres.

Au matin du 22 octobre, le PC ayant enregistré tout le vol, le point de chute était visible sur la carte ci dessous, mais le Hic c'est qu'il n' y avait pas d'émission ! La radiosonde était muette, il fallait s'en rapprocher car elle pouvait se trouver dans un trou ou au milieu d'un champ de betteraves qui absorbent les ondes. 


Nous voyons, une altitude de 0m avec une pression de 1016 hPa.  Les coordonnées  GPS sont heureusement
décodées.  Mais l'examen attentif de la carte donne comme point de chute, un endroit pas très favorable: 
un bassin de décantation  à l'Ouest de Pont d' Ardres. Voir ci dessus et en dessous.

Il faut vérifier avec  Google Earth,  la vue satellite :  le point 50.89138N et 1.95692E se situe dans le bassin en bas à gauche.
Il  s'agit de 4 bassins  entourés  d'un chemin. Une sortie nocturne au Sud de la position ne donne rien, mais confirme que la radiosonde est bien muette. Pas très bon signe, le point GPS est celui du bas.
Le bassin est entouré d'un fossé, il est préférable d'attendre le lever du jour. 

Temps mis à profit pour refaire des prévisions et des constations, les derniers points avec la chute sont groupés 1,2,3,4,5 et 6. Un changement de base GPS, fait qu'il y a une autre hypothése de chute, avec les coordonnées suivantes :  50.89498N  et  1.95866E 

Encore pire, les points R1 à R4 sont franchement dans le milieu du bassin en haut. 
Il y avait un espoir de pouvoir tirer sur la ficelle et le parachute ? 


L'expédition vers ce bassin a pour objectif de savoir si le point de chute est en haut ou en bas ? 


L'exploration autour des bassins ne donnent rien, aucun indice. Seuls les oiseaux migrateurs qui peuplent l'endroit savent ce qui s'est réellement passé. Après quelques photos, il faut rentrer. 
Il reste à expliquer pourquoi le vol a été si court, en examinant le point d'éclatement, la vitesse de chute, et la situation des derniers points captés au dessus de l' eau.


Toutes les données sont enregistrées et il est possible de déduire plein de choses, car pour une fois on a les données d'un atterrissage ( dans l' eau ). Ce travail a été fait les jours suivants. 

Quelques vues de ce coin de nature exceptionnel: 


Au premier plan, une barrière de roseaux. 


Il y a des pompes au milieu. 


Bassin Nord Ouest





Quelques courbes pour exploiter les données de la radiosonde:  

On a pas la radiosonde mais on a les données jusqu'au bout du vol. Pour les données sous l'eau, pas encore possible !!!  
Altitude et longitude pendant la chute.

Tous les points sont connus, il serait possible de tracer une courbe en 3D. mais la résolution du GPS est
insuffisante, il y a des chiffres après la virgule mais le temps entre chaque position est d'environ 1 seconde. 
Pendant 1 seconde, la  radiosonde  chute de  4 mètres  environ  jusque 2  mètres.

Pression atmosphérique et altitude corrigée

La pression donnée par la sonde correspond bien à l'altitude suivant une loi linéaire sur une petite distance.  

Altitude et vitesse de chute

La vitesse de chute qui est de -4 m/s jusque 35m environ, diminue fortement jusque -2 m/s au niveau zéro. 

Voilà, quelques explications sur ce cas de PONT D'ARDRES, j'espére que vous avez été intéressé. 

Vos comptes-rendus seront diffusés, si vous voulez bien. 

73 Alain