Encore un levé à 5 heures "au clairon", la radiosonde est déjà posée depuis un moment puisque le dernier point récupéré à la station est au alentour de 3 heures 30. Le temps d'y aller, il faut tenir compte de l'usure des piles de la RS qui diminue la puissance à l'émission, et progressivement le rayon de réception diminue. Il peut atteindre 10 mètres et puis coupure de l'émission, reprises et coupure définitive.
Je sais que vous aimez bien quelques détails, sur les récupérations de radiosondes, alors si mon inspiration le permet, on va poursuivre ensemble le récit de cette chasse qui n'a rien de bien particulier. A part, que pour une fois, cette coquine de radiosonde, en réalité
une de ses copies conformes, avait signalé depuis H-18 qu'elle refusait d'aller se noyer dans la grande mare au ferry boat. (Calais-Douvres).
La direction prise correspond à un axe bien connu, véritable autoroute des radiosondes entre l' Angleterre et la France, c'est à dire entre le point de départ situé dans le petit village de Herstmonceux et la région de Dévres.
Plus bas, il y a un parc de capteurs météo.
Plusieurs prévisions ont été faites, à H-18, H-12 et en faisant varier le paramètre de vitesse de descente, plusieurs points étaient répertoriés:
--- Campagne les boulonnais pour un vol court,
--- Entre Zoteux et Bécourt pour un vol normal,
--- et Fauquemberg pour un vol plus long.
Respectivement cela donne les paramètres suivants: 300, 250 et 200 m/mn.
Faites le calcul pour les m/s ou les km/h.
A 5 heures, les PC ayant mouliné toute la nuit, nous révèlent les coordonnées du point de chute ! Plus de problème, on peut partir
tranquillement sur le site du "landing" en ayant au préalable rentré les dites coordonnées dans le cerveau de Valentine, notre charmante informatrice qui nous guide si gentillement, au long du trajet automobile.
C'est toujours agréable, quand on vient de se lever de s'entendre dire, vous tournez à gauuuche et vous tournez à gauuuche ! (au lieu de vous tournez deux fois à gauche).
Une copie d'écran de la zone de chute est imprimée en rose, car la cartouche couleur est pratiquement à sec !
Mais le principal est de pouvoir dire, où sont les chemins et les points de chute probables matérialisés par des croix !
Le premier point est le dernier point connu reçu sur l'ordi: appelé "dp2" ( oui, il y a un "dp1" mais il n'est pas valable avec ses voyants rouges).
L'altitude de ce point est en général assez basse, aujourd'hui c'est 467 m, ce n'est pas loin, mais il y a du relief.
Comme vous pouvez le voir sur cette mini carte, la chute est à proximité du village de Campagne en Boulonnais. Vol court mais sans plus, il y a
des vols ultra courts avec un paramètre de 600 en descente. Mais ce n'est pas le cas. On peut qualifier ce vol de normal, un peu court quand même par rapport à la moyenne !
Pour trouver les coordonnées, du point d'impact, il faut refaire une prévision à partir du point "dp2" avec le logiciel Balloon Trak. Voir plus bas.
Par sécurité et curiosité, un second point sera donné par la "méthode du triangle". Voir les récits précédents. Cette méthode du triangle est très pratique, sur place, on peut la faire mentalement ou alors prévoir la calculatrice dans la panoplie des ustensiles de chasse. Dans la caisse...
Sur la vue ci-dessus, il y a le point "dp2" à 467m en 50.62637 et 1.82311 et le vent au sol est faible à 2,9 m/s et au 288°.
Apparemment, la direction correspond bien.
Je n'ai pas encore eu le courage de faire les calculs
pour vérifier la méthode du triangle. Si vous insistez, un peu...
Bon, on va la vérifier tout de suite: mais ceux qui sont allergiques aux maths, iront voir plus loin, la suite du récit. Les autres trouveront encore un exemple concret à méditer.
-Vitesse de descente du parachute et de la radiosonde : Vb = -3,6 m/s
-Vitesse du vent au point dp2 : Vv = 2,9 m/s direction 288° (d' où vient le vent en météo)
-Altitude du dernier point dp2 : H = 467m On recherche à connaitre la distance au sol x entre le point dp2 (projection) et le point d'impact
la tangente de l'angle du triangle, celui qui est au sol est : alpha
tg alpha = H / x = Vb / Vv ce qui fait x = H . Vv / Vb
x = 467 . 2,9 / 3,6 = 376 m
Que donne la réalité du terrain? La vérification demande la connaissance du point d'impact, c'est pour cette raison, que je supplie les chasseurs de radiosondes de me communiquer les coordonnées réelles de ce point. A déterminer avec le TOM TOM !
Repartons ensemble sur Google Earth avec la vue de Campagne et les deux punaises jaunes.
Si on avait oublié de relever les coordonnées de l'impact, elles sont données par Google Earth en bas de l'écran. Modifier les réglages pour avoir des degrés décimaux, c'est plus pratique.
Prendre l'option OUTIL dans la barre Google Earth
et avec la règle (trait rouge) il est possible d'avoir la distance entre les deux points: 570 mètres et direction 282,65°. Ne riez pas s'il vous plait ! La gonio marche de 2000 à 6000 mètres suivant le profil du terrain et l'emplacement de la RS et de son antenne.
On voit que la distance au sol est plus longue en réalité. L'explication est que la vitesse de chute du parachute a diminué de -3,6 à -2,4 m/s. On suppose que le vent ne change pas, de toute façon, cela reste un peu approximatif. Ce n'est après tout qu'une estimation.
Nous n'avons pas possibilité de vérifier davantage car pas d'enregistrement entre 467m et 0m vu le relief de cette région. Mais la direction est bonne et il y a environ 200 m d' écart entre la théorie et la pratique pour cette méthode du triangle.
Ce calcul a été fait avant de partir entre 4h 30 et 5h, en fait ainsi que la prévision avec dp2 et Balloon Track.
Pour la petite histoire, il faut se méfier de la vue satellite Google car sur le terrain, entre le point situé à gauche et le point d'impact il y a un sacré dénivelé !
Et avec le logiciel Balloon Track, qu'est ce que ça donne ?
Tout ceci étant fait, je le rappelle avant de partir ou parfois au retour, en vue d'une analyse pour comprendre comment s'est déroulé le vol dans les dernières centaines de mètres avant le sol. Il est aussi intéressant de noter, la direction prise par la ficelle, avec une boussole. J'avoue qu'on ne le fait pas vraiment, mais avec une vue Google Earth, il est facile de se rendre compte de l'angle d'arrivée.
Pour utiliser BT, il faut reprendre les données du point "dp2" :
-- altitude 467 m
-- coordonnées 50.62637N et 1.82311E
-- vitesse de chute parachute -3,6 m/s soit 215 m/mn
-- vitesse du vent horizontale 2,9 m/s au 288°
Dans le setup de BT, vous rentrez les valeurs ci-dessus et bien sur les coordonnées du point dp2. On fait comme si, c'était un vol avec le point de départ du vol, au point dp2.
La vitesse de montée est fixée à 100 000 m/mn. L'altitude du Burst : 467 m et l'altitude
du point de départ (index location) inférieure à celle du Burst : 460 m.
Résultat:
Les coordonnées du point d'impact probable dans ce cas, sont 50,628N et 1.831E.
Comme nous sommes allé sur place, nous comparons avec les coordonnées du point d'impact réel : 50,625284N et 1.830916E.
Les déterminations des différents points d'impact étant faites, et le plan du secteur imprimé ou la carte IGN disponible, il est le moment de prendre la route avec le GPS programmé vers le point le plus probable. De toute façon, la Radiosonde sera audible avant l'arrivée sur le site suivant sa position et son dégagement. Sauf si un promeneur,
la ramasse ou si elle est tombée dans l'eau. ( ça arrive ).
Il n'y a pas utilité de partir avec un ordinateur. Les calculs sont suffisants, si c'est le cas, la RS émet parfois sa position d'impact mais méfiance, elle peut être erronée ou changeante ou quasiment inexploitable.
En arrivant à l'endroit, Valentine nous dit : vous êtes arrivé !
En principe, la RS est audible, il faut sortir avec l' antenne et le poste sur la fréquence.
Il était déjà allumé en fin de route.
Une direction d'antenne est déterminée pour savoir où se diriger. On en a déjà une idée avec le plan imprimé à la station.
On se trouve sur un chemin de terre au pieds d'une colline, avec des clôtures, des près...
du barbelés...
Surtout, bien préparer la suite. Avant de foncer, il faut parfois se demander si il n'y a
pas une solution moins pénible. Le terrain étant peu sympathique.
Donc, redémarrage en véhicule et recherche d'une route pour accéder au sommet de
la colline. En cas d'échec, retour en bas.
Un chemin de terre existe et conduit presque au sommet. Reste un peu de marche, avec la gonio. Celle ci est TOUJOURS indispensable, il faut trouver l'angle pour se diriger,le plus précis possible en prenant un repère facilement identifiable.
A défaut de repère valable, il faut envoyer quelqu'un au loin, et le faire se déplacer en lui donnant des instructions par radio. La nuit, il prendra une lampe de poche.
Au sommet on trouve une clôture barbelée, des arbustes et des vaches, une quarantaine sagement alignées et qui nous scrutent ! Heure de la traite ?
La RS n'est pas loin, le signal est reçu sans antenne, et en harmonique 2 sur 809,600.
Vous voyez le parachute ? NON ?
Reste à trouver la Radiosonde ! Elle est dans le pré, c'est certain avec la gonio. Et est-elle piétinée aussi ? Pour le savoir une seule solution y aller !
Impressionnant mais sans problème, la RS est à 10 m sur la gauche intacte dans l'herbe.
Retour au véhicule et trafic radio 144 sur la route.
Reste à examiner les caractéristiques du vol, au retour :
--- éclatement :
Assez curieuse cette trajectoire, avec des boucles et des points après l'éclatement dispersés, pourtant à la montée à la même altitude la trajectoire était linéaire ?
---vitesse maximale de descente après éclatement :
Contact: f6agv AT free.fr
73 Alain F6AGV
