Un peu déçu, pour cet arrêt de la tentative de traversée de l ' Atlantique et surtout bien conscient que la déception de Jonathan est immense. Mais connaissant Jonathan depuis sa traversée de la Manche dans le sens Asford - Dunkerque, je sais qu'il avait une bonne raison pour atterrir à Terre Neuve. Dernière surface terrestre avant l' Europe, mis à part les iles sur l' Atlantique.
Quel moyen avait-il pour trouver sa route vers l' Europe ?
Le seul possible avec un ballon à gaz est de "soupaper" l' hélium pour permettre au ballon de descendre et de lâcher du lest contenu dans des sacs placés autour de la nacelle, pour monter.
La marge de manœuvre est faible et les erreurs peu recommandées, pour modifier l'altitude de vol.
Les vents qui déplacent le ballon à la même vitesse, changent de direction suivant l'altitude.
La connaissance des directions et des forces des vents est essentielle pour assurer une "navigation", c'est à dire trouver la bonne route pour parvenir de l' autre côté en Europe.
Il y a des calculs à faire par les routeurs et une solution doit être trouvée absolument sous peine de trajets vers des zones peu propices pour un atterrissage, ou la mer dont la température est toujours très froide.
D'où la justification de la nacelle sous forme de barque et des combinaisons de survie.
La météo a sans doute été passée à la loupe par Jonathan, et les conditions ont été acceptée comme favorables par lui et son "team". Qu'elles étaient les conditions météo ?
En examinant attentivement la carte des isobares publiées sur wetterzentrale.de , on remarque une minuscule dépression sur Terre Neuve (Saint Pierre de Miquelon). Le ballon risquait de repartir vers le Nord-Ouest.
Ensuite une zone calme au large et plus loin, une sorte de "couloir de vent" entre 1010 et 1020 hPa.
Suivant l'altitude de vol, on peut déduire que le vol pouvait se poursuivre vers les Iles britanniques avec un virage au Sud pour l'option 1020 ou 1015 hPa et un virage au Nord pour l'option 1010 hPa.
Cette dernière possibilité indique un atterrissage vers la Norvège ou frôler la Norvège. A savoir que les eaux sont plus froides de ce côté là et le climat plus rude, bien que ce n'est pas encore l'hiver. Plus inquiétant, la présence de fronts, avec des formations nuageuses. A une altitude de 5000 à 7000 mètres, ce dernier point est moins critique mais les nuages à éviter absolument sont les fameux nuages "cumulonimbus" qui culminent parfois à 8000 ou 10000 mètres, dangereux en raison des courants ascendants et des tourbillons internes de grêles et de neige.
Le Courant Jet (Jet Stream) est présent depuis le point de départ, ce qui n'est pas mauvais pour le vol. Dans la zone orange, il y a des vents à 250 km/h, voir ci-dessus la carte au 14 septembre 6Z.
Il faut rappeler qu'un ballon pris dans ce tube de vent à 250 km/h ne risque rien, car il va à la même vitesse que le vent. Au contraire, l'action du Courant Jet est très bénéfique et constitue une sorte d'autoroute que les avions aiment bien (dans le sens des vents à l'aller) et également les ballons.
Cela fait gagner du temps, il suffit de rester au centre du tube de vent.
Nous voyons cependant que le Jet Stream au 14 septembre est situé trop au Nord de l' Atlantique et à partir de Terre Neuve, il aurait peut-être pu échapper au ballon de Jonathan Trappe.
En supposant que cela aurait été le cas, la route des vents s’infléchit vers l' Irlande et l'Espagne. Délicat et avec une excellente "navigation" pour s'y maintenir !
Prévision pour le dimanche 15 septembre. On y voit une déviation possible vers le Groenland au Nord de l'anticyclone des Açores (H). On y voit aussi une dépression sur l' Islande assez rapide en rapport avec le Jet Stream et un choix de routes un peu meilleur vers la France, l' Angleterre... Mais risque de partir faire le tour de la dépression en navigant trop au Nord dans les basses pressions.
Finalement, je voulais vous faire sentir dans mes commentaires, qu'il n'est pas évident de traverser l' Atlantique et encore moins de faire le Tour du Monde en ballon. Fait en 21 jours par Bertrand Piccard et Brian Jones en ballon Rozière (compromis Air chaud avec brûleurs au Propane et Hélium).
Au début, j'ai écris "soupaper" l'hélium, sur des ballons à gaz, mais Jonathan ne peut que couper quelques fils et lâcher des petits ballons bien déterminés à l'avance. Néanmoins, avec ce système, il ne peut pas
"doser "avec autant de précision qu'avec une soupape utilisée en manuel à l'aide d'une corde.
Dans le cas des ballons à brûleurs au Propane, il suffit de doser avec des petits coups de flammes, que les aérostiers expérimentés savent bien exécuter, ni trop, ni pas assez longtemps.
Ces opérations doivent se faire avec finesse et calculs rigoureux... Y compris pour lâcher du lest (sable ou eau, mais attention l'eau gèle et le sable peut devenir un bloc compact si il gèle).
Par contre, la sécurité est beaucoup plus grande avec la technique du "cluster balloon" car ce ballon est constitué de 370 petits ballons au lieu d'un seul ! Entre parenthèse, la paire de ciseaux est indispensable pour couper les fils.
Un certain nombres de commentaires lus dans la presse, sont à prendre avec réserve. J'ai lu par exemple, que l'embarcation de Jonathan devait l'abriter du vent pendant le vol ! Il faut savoir que le ballon allant à la même vitesse que le vent, il ne peut y en avoir, par contre l'air est froid à 5500 mètres. Et l'air manque d'oxygène ! Masque indispensable.
Température de l'air à 5730 m : -10,5 °C
Température de l'air à 5730 m : -10,5 °C
Autre remarque : le "cluster balloon" n'est pas fabriqué à l'aide de 370 ballons de baudruche, mais avec des ballons de petites tailles mais renforcés et solides, rien à voir avec des baudruches !
QUELQUES DOCUMENTS METEO :
Pour 500 hPa l'altitude est de 5703 mètres. Voir la carte de prévision à 500 hPa.
Pour 300 hPa l'altitude est de 9490 mètres. Voir la carte du Courant Jet.
Le jeudi 12 septembre à 22h00 utc la température à 5730 mètres de -10,5 °C et la vitesse du ballon, égale à celle du vent de 26,9 m/s ou 97,2 km/h au 246 degrés
Entre 900 et 500 hPa pas beaucoup de différence de directions ? C'est le choix de rester à cette altitude pendant tout le vol, semble-t-il ? Une fois monté à ce niveau, descendre coûte des ballons perdus !
QUELQUES COMMENTAIRES de la PRESSE :
Après avoir survolé
la Manche et les Alpes, l’aérostier américain Jonathan Trappe n’est pas
parvenu à relever un nouveau défi : la traversée de l’Atlantique porté
avec des ballons d’hélium.
Jonathan Trappe, 39 ans, parti jeudi matin de Caribou
(Maine, nord-est), a atterri dans la soirée de jeudi à Terre-Neuve au Canada, « sans
problème », a-t-il dit sur sa page Facebook. « Malheureusement,
Jonathan a dû abandonner son projet après avoir eu des problèmes techniques
au-dessus de Terre-Neuve », a déclaré vendredi son équipe sur son
compte Tumblr.
« M. Trappe n’est pas blessé et n’a pas besoin de secours », a indiqué dans un courriel le sergent Marc Coulombe de la gendarmerie
royale du Canada. À l’approche de Terre-Neuve, le pilote se déplaçait à
93 km/h et à 4 640 m d’altitude...
Malheureusement, Jonathan a dû abandonner son projet après
avoir eu des problèmes techniques au-dessus de Terre-Neuve", a déclaré ce
vendredi son équipe sur son compte Tumblr...
Trappe prévoit en fait de voler dans un radeau de survie qui lui servira aussi de cabine sommaire afin de se protéger des vents alors qu’il sera entre 5 et 7,5 kilomètres au-dessus du sol...
QUELQUES PHOTOS et VIDEOS :
A suivre,
Contact : f6agv (at) free.fr
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